La Bibliothèque du Parlement crée de magnifiques papiers décoratifs dans l’atelier de marbrure de son laboratoire de préservation. L’atelier produit les papiers marbrés « officiels » du Sénat, de la Chambre des communes et de la Bibliothèque du Parlement à l’aide de la technique de marbrure à la peinture acrylique. Une centaine de papiers marbrés sont ainsi produits chaque année pour des projets spéciaux, comme des livres de signature.
Le procédé de production de ces papiers marbrés officiels exige beaucoup de précision. La moindre différence dans la consistance de la peinture, le mélange ou l’ordre d’application des couleurs, la quantité de chaque couleur et la viscosité du bain influe énormément sur le résultat.
Pour commencer, on remplit un grand bac peu profond d’eau distillée qu’on épaissit avec du carraghénane (un extrait d’algue). On prépare soigneusement différentes couleurs de peinture acrylique, qu’on dilue jusqu’à la consistance voulue et qu’on dépose à la surface du bain de carraghénane à l’aide d’outils variés, comme des pipettes et des fouets de brins de paille. On travaille les gouttes de peinture qui flottent à la surface au moyen de stylets, de peignes et de râteaux, de façon à obtenir des motifs complexes.
Pendant la préparation du bain, on traite de grandes feuilles de papier sur un côté avec de l’alun, un fixatif appelé aussi « mordant », qui facilite l’adhérence de la peinture. On dépose ensuite délicatement les feuilles de papier ainsi traitées à la surface du bac, appelé à cette étape cuve de marbrure. Les motifs se transfèrent presque instantanément sur le papier. On retire ensuite les feuilles de papier, on les suspend pour les faire sécher et on les presse à plat.
Les origines de la marbrure sur papier sont floues. De nombreux pays se targuent d’avoir créé cette technique, dont la Chine et certains pays du Moyen-Orient. Le suminagashi, technique de marbrure attribuée aux Japonais, remonte au XIIe siècle. Quelques centaines d’années plus tard, ce procédé artistique est apparu en Turquie sous le nom d’ebru, puis a fini par arriver en Europe de l’Ouest dans les années 1600.
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