Dans ce résumé législatif, tout changement d’importance depuis la dernière publication est indiqué en caractères gras.
Le 18 février 2020, le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a présenté à la Chambre des communes le projet de loi C-6, Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté (appel à l'action numéro 94 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada) 1. Ce projet de loi vise à modifier le serment de citoyenneté et l'affirmation solennelle, ce qui exige de modifier la Loi sur la citoyenneté 2. Aucune modification n'a été apportée au serment de citoyenneté depuis plus de 40 ans.
Le serment de citoyenneté figure actuellement à l'annexe de la Loi sur la citoyenneté :
Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs et je jure d'observer fidèlement les lois du Canada et de remplir loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Le serment de citoyenneté est une déclaration solennelle par laquelle le demandeur jure allégeance ou affirme qu'il portera allégeance à la Reine du Canada. Il s'agit de l'exigence juridique ultime à satisfaire pour devenir citoyen canadien 3.
Le projet de loi C-6 est presque identique au projet de loi C-99, Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté, qui avait été présenté le 28 mai 2019 pendant la 42e législature et qui est mort au Feuilleton lors de la dissolution du Parlement le 11 septembre 2019 4. Les seules différences entre les deux sont leur titre respectif ainsi que l'ajout d'un préambule dans le projet de loi C-6.
En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a présenté son rapport final en six volumes ainsi que 94 appels à l'action. Pendant six ans, la CVR a entendu plus de 6 500 témoins des quatre coins du Canada afin de faire la lumière sur les séquelles laissées par les pensionnats indiens et de faire avancer le processus de réconciliation entre les peuples autochtones et la population non autochtone. Le gouvernement fédéral s'est engagé à mettre en œuvre les appels à l'action qui relèvent de sa compétence.
Dans l'un des deux appels à l'action qui concernent la citoyenneté 5, la CVR demande au gouvernement fédéral de remplacer le libellé du serment de citoyenneté par celui-ci :
Je jure (ou affirme solennellement) que je serai fidèle et porterai sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs, que j'observerai fidèlement les lois du Canada, y compris les traités conclus avec les peuples autochtones, et que je remplirai loyalement mes obligations de citoyen canadien 6.
Comme il est précisé dans la lettre de mandat qu'il a reçue en 2019 du premier ministre, le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a pour grande priorité d'apporter des changements au serment de citoyenneté dans le but de concrétiser l'appel à l'action susmentionné 7.
Le projet de loi se fonde sur les consultations qui ont été menées auprès d'immigrants et de partenaires autochtones. En 2017, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a tenu des groupes de discussion avec des immigrants récemment admis et des immigrants bien établis à propos du libellé du serment de citoyenneté que propose la CVR dans ses appels à l'action. La réaction générale des groupes de discussion s'est avérée positive, mais certains participants ont fait valoir que la version modifiée du serment devrait s'accompagner de mesures satisfaisantes de formation des nouveaux arrivants sur les peuples autochtones et les traités. D'autres ont exprimé des doutes sur la modification parce qu'elle pourrait créer un précédent pour d'autres groupes qui voudraient être mentionnés dans le serment 8.
En collaboration avec le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, IRCC a aussi mené des consultations auprès de l'Assemblée des Premières Nations, du Ralliement national des Métis et de l'organisme Inuit Tapiriit Kanatami 9.
La version du serment qui est proposée dans les appels à l'action a aussi suscité quelques réserves dans les médias. Certains se demandent si les citoyens sont en mesure d'« observe[r] fidèlement […] les traités conclus avec les peuples autochtones », et d'autres contestent le fait que le serment ne parle pas des milliers de citoyens autochtones qui appartiennent à des nations qui n'ont pas signé de traité 10.
Le préambule du projet de loi C-6 reconnaît que les droits ancestraux et issus de traités des Premières Nations, des Inuits et des Métis sont protégés par la Constitution. Il reconnaît également l'engagement du gouvernement fédéral à donner suite à l'appel à l'action numéro 94 de la CVR.
L'article premier du projet de loi remplace le libellé du serment de citoyenneté qui figure actuellement à l'annexe de la Loi sur la citoyenneté par le texte suivant qui se trouve à l'annexe du projet de loi :
Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs et je jure d'observer fidèlement les lois du Canada, y compris la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits – ancestraux ou issus de traités – des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et de remplir loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Le libellé que propose le projet de loi diffère de celui que recommande la CVR en ce sens qu'il ne parle pas des « traités conclus avec les peuples autochtones », mais des « droits – ancestraux ou issus de traités – des Premières Nations, des Inuits et des Métis », reconnus et confirmés à l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 11.
Les droits ancestraux sont des droits collectifs protégés par la Constitution que détiennent les peuples autochtones en vertu de leurs occupation et utilisation historiques du territoire en tant que sociétés aux coutumes, pratiques et traditions distinctes. Il peut s'agir notamment d'un titre ancestral sur la terre, du droit à l'autonomie gouvernementale, de droits sur les terres et les ressources ou de droits socioculturels. Les droits issus de traités désignent quant à eux les droits définis dans les traités historiques ou modernes qui ont été négociés entre la Couronne et des groupes autochtones précis.
L'article 2 prévoit que la version modifiée du serment entre en vigueur le lendemain de la date de sanction royale du projet de loi.
* Avertissement : Par souci de clarté, les propositions législatives du projet de loi décrit dans le présent résumé législatif sont énoncées comme si elles avaient déjà été adoptées ou étaient déjà en vigueur. Il ne faut pas oublier, cependant, qu’un projet de loi peut faire l’objet d’amendements au cours de son examen par la Chambre des communes et le Sénat, et qu’il est sans effet avant d’avoir été adopté par les deux chambres du Parlement, d’avoir reçu la sanction royale et d’être entré en vigueur. [ Retour au texte ]
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