Points de mire de la collection

Les rayonnages de la Bibliothèque du Parlement

Parmi les nombreux éléments architecturaux notables de la Bibliothèque figurent ses superbes rayonnages. Ceignant la pièce, ceux-ci s’élèvent sur trois niveaux, jusqu’à la claire-voie (la section supérieure du mur dotée de fenêtres). Huit travées de rayonnages font aussi saillie vers le centre de l’espace circulaire, comme les rayons d’une roue.

Alpheus Todd, le premier bibliothécaire parlementaire du Canada, qui a visité le British Museum dans les années 1850 et a été impressionné par les rayonnages en fer entourant sa salle de lecture, propose d’adopter cette même configuration dans la future Bibliothèque du Parlement. En 1872, le ministère des Travaux publics recrute Frederick John Alexander (1849-1930), un architecte de Londres, pour concevoir l’aménagement intérieur de la Bibliothèque. Pour les rayonnages, qui constituent l’élément principal de la salle de lecture, il retient les spécifications techniques et fonctionnelles énoncées par Todd.

Les dessins d’Alexander reflètent la grande époque victorienne. En plus des sculptures complexes bordant les étagères de trois étages, il dessine toutes les boiseries qui orneront l’intérieur de la Bibliothèque, y compris les moulures, les panneaux, les corniches et les sculptures. Les frontons sculptés (les couronnements de forme triangulaire au sommet des rayonnages), les panneaux décorés de motifs de feuillage en relief, les bordures à motifs, les rosettes sculptées à la main et les motifs de marguerites et de tournesols sont au nombre des motifs typiques de la période.

Les plans d’Alexander exigent un savoir-faire exceptionnel. C’est pourquoi le ministère retient les services d’une entreprise torontoise réputée pour ses normes élevées, Holbrook and Mollington, pour la finition intérieure. L’entreprise insiste pour que seuls les meilleurs sculpteurs soient recrutés pour réaliser à la main les éléments les plus complexes et délicats. Les travaux débutent en avril 1876 et se terminent en janvier 1877.

Épargnée par l’incendie qui ravage la Colline du Parlement en 1916, la Bibliothèque subit d’importants dommages en raison d’un incendie d’origine électrique dans son dôme en 1952 et nécessite une restauration majeure. Les sculptures sont manipulées avec soin. Les ouvriers étiquettent, démontent et emballent 7 000 pièces sculptées individuellement à la main, 8 kilomètres de moulures, 96 portes sculptées, des milliers de petites rosettes, 1 900 tiroirs en chêne et des centaines de panneaux. Au total, 273 caisses sont expédiées à Montréal, où chaque pièce est nettoyée et remise en état. Les photographies des rayonnages après l’achèvement du projet suggèrent que la remise à neuf a complètement éliminé la patine sombre apparue au fil du temps, donnant aux rayonnages leur teinte claire actuelle.

Plus récemment, une remise à neuf des rayonnages s’inscrit dans le projet de réhabilitation de la Bibliothèque de 2001 à 2006. Les rosettes sont réparées et restaurées par des sculpteurs spécialisés dans la restauration d’éléments du patrimoine, et un système d’extincteurs automatiques à eau est installé à l’intérieur des rayonnages. L’attention continue portée aux détails permettra à ce joyau de la couronne de la Colline du Parlement d’être encore admiré pendant son deuxième siècle d’existence.

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Intérieur de la Bibliothèque vers 1876.
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Vue détaillée d’un pilastre.
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Illustration architecturale des rayonnages de la Bibliothèque (auteur et date inconnus).