Le Pacte mondial sur les réfugiés 1 (PMR) et le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières 2 (PMM) sont des accords internationaux traitant des mouvements de personnes. Ils sont négociés par des États avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et la participation de la société civile. Fondés sur des conventions et des pratiques internationales déjà existantes, ils établissent des objectifs quant à la manière dont les États d’origine, les États de transit et les États d’accueil devraient aborder la gestion des migrations et la protection des réfugiés. Ils visent à instaurer une coopération internationale efficace en matière de gestion des migrations en traitant des fardeaux particulièrement lourds qui pèsent sur certains pays et en cherchant à remplacer par d’autres mesures les réactions ponctuelles observées précédemment devant les importants flux de migrants. Ces accords n’ont pas été adoptés avec le consentement unanime, mais ils jouissent du soutien de la vaste majorité des États de la communauté internationale.
Bien qu’on confonde parfois réfugiés et migrants, leurs différences justifient l’existence de deux accords distincts mais complémentaires. D’un côté, les réfugiés 3 sont protégés par un cadre juridique international bien établi, applicable dans les cas de fuite en raison de persécution, de violence ou d’autres conditions de vulnérabilité dans leurs pays d’origine. Les migrants 4, de l’autre, forment un groupe plus large englobant les personnes qui, pour quelque raison que ce soit, changent de pays de résidence. Alors que les migrants et les réfugiés ont tous droit au respect des droits universels et des libertés fondamentales de la personne, les deux pactes mondiaux tiennent compte des différentes obligations sous‑jacentes des États.
Les pactes mondiaux ne sont pas juridiquement contraignants. Bien que les mois de négociation ayant mené à leur élaboration et les diverses réitérations de leurs obligations aient ressemblé à l’élaboration d’un traité, ces pactes ne constituent pas des conventions internationales. On incite donc les États à agir en fonction de certains objectifs plutôt que de les contraindre à le faire.
Les sections qui suivent présentent les différentes étapes ayant mené à l’élaboration des deux pactes mondiaux, puis analysent leur contenu. Elles abordent ensuite l’apport du Canada à la négociation des pactes mondiaux et présentent les mesures que prend le Canada relativement à ces accords.
Le 19 septembre 2016, l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) a unanimement adopté la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants (la Déclaration de New York) 5. Cette déclaration, fondée sur le principe du partage des charges et responsabilités internationales, découle d’une volonté politique commune qui vise à renforcer la protection des réfugiés et des migrants et à apporter un appui aux pays qui les abritent. Certaines de ses obligations s’appliquent à la fois aux réfugiés et aux migrants, et d’autres visent l’un ou l’autre des deux groupes. La Déclaration de New York instaure aussi deux processus indépendants qui mènent à l’adoption d’objectifs réalisables représentés dans les deux pactes mondiaux.
Le processus d’élaboration du PMR a donné lieu à des consultations menées par le Haut‑Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) avec les États membres, les organisations internationales, les réfugiés, la société civile, le secteur privé et des experts 6. Ce processus a ouvert la voie à des discussions sur l’application pratique des responsabilités énoncées dans le Cadre d’action global pour les réfugiés, qui figure à l’annexe I de la Déclaration de New York 7. Tel qu’il est expliqué ci‑dessous, le Cadre d’action global pour les réfugiés consiste en un éventail de mesures et d’objectifs visant à favoriser une réponse globale à tout déplacement massif de réfugiés.
Une série de débats thématiques se sont tenus avec la participation des États en 2017, lesquels ont été suivis de consultations organisées de février à juillet 2018 en vue d’élaborer le texte des versions successives du PMR. Ces activités ont été complétées par des centaines de communications écrites reçues des États membres de l’ONU et d’autres intervenants 8.
Le PMR a officiellement été entériné par l’AGNU le 17 décembre 2018, à l’issue d’un vote enregistré par 181 voix favorables contre 2 (États‑Unis et Hongrie) et avec 3 abstentions (Érythrée, Libye et République dominicaine), comme l’illustre la figure 1.
Sources: Carte produite par la Bibliothèque du Parlement, Ottawa, 2019, à partir de données tirées de Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, « Global Administrative Unit Layers (GAUL) », GeoNetwork, 2015; et Assemblée générale des Nations Unies, Vote Name: Item 65 A/73/583 Draft Resolution II – Office of the United Nations High Commissioner for Refugees (66 Ko, 1 page), 55e séance plénière, 17 décembre 2018 [disponible en anglais seulement]. Logiciel utilisé : Esri, ArcGIS PRO, version 2.3.0.
Le processus qui a mené à l’adoption du PMM est décrit à l’annexe II de la Déclaration de New York. Il a été piloté par la nouvelle représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les migrations internationales, l’honorable Louise Arbour, qui était anciennement Haute‑Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme 9. Ses collaborateurs Jürg Lauber, représentant permanent de la Suisse, et Juan José Gómez Camacho, représentant permanent du Mexique, ont été choisis par le président de l’AGNU pour superviser 18 mois de consultations et de négociations menées par les États, y compris une année de débats thématiques réunissant des intervenants provenant d’organisations multiples et régionales et couvrant tous les aspects de la migration 10. Six autres séries de négociations intergouvernementales ont eu lieu à New York. Le 13 juillet 2018, les États membres de l’ONU ont parachevé le texte du PMM.
Le 10 décembre 2018, 164 pays ont adopté le PMM lors d’une conférence intergouvernementale tenue à Marrakech. Le PMM a été officiellement ratifié par l’AGNU le 19 décembre 2018, à l’issue d’un vote enregistré par 152 voix favorables contre 5 (République tchèque, Hongrie, Israël, Pologne et États‑Unis) et avec 12 abstentions (Algérie, Australie, Autriche, Bulgarie, Chili, Italie, Lettonie, Libye, Liechtenstein, Roumanie, Singapour et Suisse), comme l’illustre la figure 2.
Sources: Carte produite par la Bibliothèque du Parlement, Ottawa, 2019, à partir de données tirées de Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, « Global Administrative Unit Layers (GAUL) », GeoNetwork, 2015; et Assemblée générale des Nations Unies, Vote Name: Items 14 and 119 Draft resolution A/73/L.66 (as orally revised) – Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration (66 Ko, 1 page), 60e séance plénière, 19 décembre 2018 [disponible en anglais seulement]. Logiciel utilisé : Esri, ArcGIS PRO, version 2.3.0.
Avant l’adoption de la Déclaration de New York, le Canada, en collaboration avec la Jordanie, les Fidji, le Kenya, le Liban et la Turquie, a intensifié ses efforts en vue d’assurer une action et une coopération internationales en faveur des réfugiés et des migrants 11.
En ce qui concerne les négociations menant au PMR, le Canada a consulté des représentants d’organismes de la société civile de partout au pays au fur et à mesure de l’élaboration des versions successives 12. Affaires mondiales Canada a indiqué que le Canada « a préconisé […] l’inclusion d’une formulation tenant compte du genre et la reconnaissance des besoins et des capacités propres aux femmes et aux filles 13 ».
Le gouvernement du Canada a également joué un « rôle de premier plan » dans la promotion d’un pacte pour les migrations intégrant des « mesures concrètes et pratiques » et prenant en considération le point de vue de la société civile, dont les migrants eux‑mêmes 14.
Le PMR comporte quatre parties : une introduction, le Cadre d’action global pour les réfugiés, un programme d’action détaillé et des mesures de suivi et d’examen.
L’introduction rappelle le contexte du PMR et souligne le caractère urgent du fardeau croissant que partagent les États, tout en réitérant la nature non juridiquement contraignante du PMR. Elle énonce également les principes directeurs qui sous‑tendent l’initiative, y compris les instruments internationaux relatifs aux réfugiés, comme la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés 15.
Les quatre objectifs fondamentaux du Pacte mondial sur les réfugiés sont énoncés au paragraphe 7 du PMR. Ils consistent notamment à :
- alléger la pression sur les pays d’accueil;
- renforcer l’autonomie des réfugiés;
- élargir l’accès aux solutions dans des pays tiers;
- favoriser les conditions d’un retour dans les pays d’origine en sécurité et dans la dignité 16.
L’introduction se termine par la reconnaissance de l’importance de s’efforcer également d’éliminer les raisons qui sous‑tendent les mouvements de personnes :
Tous les États et les parties prenantes concernées sont invités à s’attaquer aux causes profondes d’importantes situations de réfugiés […] à promouvoir, respecter, protéger et garantir les droits humains et les libertés fondamentales pour tous; et à mettre fin à l’exploitation, aux abus et à la discrimination de toutes sortes, basée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique ou d’autres opinions, l’origine nationale ou sociale, les biens, la naissance, le handicap, l’âge ou tout autre statut 17.
La deuxième partie du PMR contient le Cadre d’action global pour les réfugiés, tel qu’il apparaît dans la Déclaration de New York 18. Ce Cadre d’action présente un large éventail de mesures que doivent prendre les États pour se préparer à des mouvements massifs de réfugiés et pour intervenir lors de situations de ce genre. Ces initiatives prévoient, entre autres, l’adoption de mesures permettant d’accueillir et d’admettre rapidement les réfugiés, ainsi que du soutien pour les institutions et communautés régionales et nationales qui accueillent des réfugiés 19.
La troisième partie du PMR consiste en un programme d’action visant à faciliter :
l’application d’une réponse globale en faveur des réfugiés et des pays particulièrement affectés par un déplacement massif de réfugiés ou une situation de réfugiés prolongée, grâce à des arrangements efficaces de partage de la charge et des responsabilités (sous‑partie III.A), dans les domaines nécessitant des contributions en temps voulu pour les pays d’accueil et, si nécessaire, les pays d’origine (sous‑partie III.B) 20.
Le programme d’action comprend notamment : des arrangements entre les États concernant le partage de la charge et des responsabilités d’accueil des réfugiés; des mesures concernant l’accueil et l’admission des réfugiés; des conditions relatives aux services d’installation; et des engagements à trouver des solutions. Ces dernières comprennent, sans toutefois s’y limiter, un appui accordé aux pays d’origine et aux pays d’accueil, le rapatriement volontaire des réfugiés, ainsi que la réinstallation et l’intégration locale 21.
Enfin, les dispositions sur la manière dont s’effectueront le suivi et l’examen du PMR prévoient la tenue d’un Forum mondial sur les réfugiés, tous les quatre ans, des réunions des représentants de haut niveau, tous les deux ans, et le dépôt d’un rapport annuel par le HCR adressé à l’AGNU 22.
Le PMM comprend un préambule, une vision, des principes directeurs, un cadre de coopération énonçant 23 objectifs et engagements précis, des mesures de mise en œuvre du PMM, ainsi qu’une description des mécanismes de suivi et d’examen.
Alors que la protection internationale des réfugiés relève directement de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, les nombreuses dimensions qui s’appliquent aux migrations relèvent des normes internationales représentées dans une variété d’instruments internationaux. Le préambule du PMM contient donc une longue liste de ces instruments. En plus des traités sur les droits fondamentaux de la personne, le préambule mentionne, par exemple, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, y compris le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants et le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer, et les conventions de l’Organisation internationale du Travail sur la promotion d’un travail décent et les migrations de main‑d’œuvre 23.
La vision et les principes directeurs du PMM reflètent les intentions visant, entre autres, à cerner des compréhensions communes liées à la migration, à reconnaître les responsabilités partagées des États, à sensibiliser le public aux vulnérabilités particulières des femmes et des enfants migrants, et à optimiser les avantages globaux de la migration. Tenant compte de la souveraineté des États, le PMM réaffirme aussi le droit de ces derniers de définir leurs politiques nationales en matière de migration. L’accord mentionne que, lorsque les États prévoient des mesures législatives et des politiques, ils peuvent « [tenir compte] de la diversité des situations, des politiques, des priorités et des conditions d’entrée, de séjour et de travail 24 ».
Le PMM contient 23 objectifs visant à favoriser des migrations sûres, ordonnées et régulières. Chaque objectif consiste en un engagement assorti d’une liste détaillée de mesures « regroupant des moyens d’action et des pratiques optimales 25 ». Les objectifs peuvent être regroupés en cinq grandes catégories, comme l’illustre la figure 3 :
Information et politiques fondées sur la connaissance des faits |
1
Collecter et utiliser des données précises et ventilées qui serviront à l’élaboration de politiques fondées sur la connaissance des faits. 3
Fournir dans les meilleurs délais des informations |
17
Éliminer toutes les formes de discrimination et encourager un débat public fondé sur l’analyse des faits afin de faire évoluer la manière dont les migrations sont perçues. |
---|---|---|
Politique et procédure |
2
Lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine. 5
Faire en sorte que les filières de migration régulière soient accessibles et plus souples. 11
Gérer les frontières de manière intégrée, sûre et coordonnée. |
12
Veiller à l’invariabilité et à la prévisibilité des procédures migratoires pour assurer des contrôles, des évaluations et une orientation appropriés. 13
Ne recourir au placement en rétention administrative des migrants qu’en dernier ressort et chercher des solutions de rechange. |
Mobilité de la main-d’œuvre, établissement et inclusion |
4
Munir tous les migrants d’une preuve d’identité légale et de papiers adéquats. 6
Favoriser des pratiques de recrutement justes et éthiques et assurer les conditions d’un travail décent. 15
Assurer l’accès des migrants aux services de base. 16
Donner aux migrants et aux sociétés des moyens en faveur de la pleine intégration et de la cohésion sociale. |
18
Investir dans le perfectionnement des compétences et faciliter la reconnaissance mutuelle des aptitudes, qualifications et compétences. 20
Rendre les envois de fonds plus rapides, plus sûrs et moins coûteux et favoriser l’inclusion financière des migrants. 22
Mettre en place des mécanismes de portabilité des droits de sécurité sociale et des avantages acquis. |
Atténuation des facteurs de vulnérabilité |
7
S’attaquer aux facteurs de vulnérabilité liés aux migrations et les réduire. 8
Sauver des vies et mettre en place une action internationale coordonnée pour retrouver les migrants disparus. 9
Renforcer l’action transnationale face au trafic de migrants. |
10
Prévenir, combattre et éliminer la traite de personnes dans le cadre des migrations internationales. 14
Renforcer la protection, l’assistance et la coopération consulaires tout au long du cycle migratoire. |
Coopération et collaboration |
19
Créer les conditions permettant aux migrants et aux diasporas de contribuer pleinement au développement durable dans tous les pays. 21
Coopérer en vue de faciliter le retour et la réadmission des migrants en toute sécurité et dignité, ainsi que leur réintégration durable. |
23
Renforcer la coopération internationale et les partenariats mondiaux pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. |
Sources: Figure préparée par les auteurs à partir de données tirées de Assemblée générale des Nations Unies, « Annexe – Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », Projet de document final de la Conférence (715 Ko, 41 pages), Conférence intergouvernementale chargée d'adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, document de l’ONU A/CONF.231/3, 30 juillet 2018, paragr. 16, p. 7 et 8. Les 23 objectifs ont été classés par catégorie par les auteurs.
Les dernières sections du PMM décrivent les aspects opérationnels qui contribuent à la mise en œuvre, au suivi et à l’examen des progrès réalisés dans l’atteinte des 23 objectifs. Une aide sera fournie aux États pour leur permettre de mettre en œuvre les 23 objectifs grâce à un mécanisme de l’ONU favorisant l’échange de connaissances entre les États membres, l’Organisation et les autres « acteurs concernés, y compris le secteur privé et les fondations philanthropiques 26 ». Le mécanisme comprend aussi un fonds d’amorçage qui recevra et distribuera le financement destiné à des projets de renforcement des capacités.
Le réseau des Nations Unies consacré aux migrations, créé pour « garantir un appui efficace, opportun et coordonné à l’échelle du système aux États membres » ayant adopté le PMM, joue également un rôle 27. On souligne l’importance d’un dialogue mondial, régional et sous‑régional sur la migration 28, et du dépôt par le Secrétaire général d’un rapport sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du PMM à tous les deux ans à l’AGNU 29.
Les aspects liés au suivi et à l’examen contiennent notamment une redéfinition du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement. Cet événement, dont la tenue est actuellement prévue une fois tous les quatre ans à l’occasion d’une session de l’AGNU en vue d’examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre du PMM, a été rebaptisé « Forum d’examen des migrations internationales ». Ce Forum d’examen des migrations internationales servira d’espace dans lequel les États membres auront l’occasion d’examiner « l’état d’avancement de l’application du Pacte mondial aux niveaux local, national, régional et mondial et de faire intervenir d’autres parties prenantes en vue de tirer parti des accomplissements et de déterminer les nouvelles possibilités de coopération 30 ».
Enfin, la section portant sur la mise en œuvre du PMM, qui réaffirme la souveraineté des États, souligne que le PMM devrait être appliqué « en tenant compte des différences entre la situation, les capacités et le niveau de développement de chaque pays ainsi que des politiques et priorités nationales 31 ».
Les principes et les concepts fondamentaux qui sont au cœur des deux pactes mondiaux ne sont pas nouveaux pour le Canada. Le secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a déclaré que le système d’immigration du Canada est conforme aux objectifs et aux engagements des deux pactes mondiaux 32. Dans le cas précis du PMM, le gouvernement du Canada souligne que « la majorité des quelque 200 mesures figurant sous les objectifs du Pacte sont conformes aux pratiques canadiennes actuelles 33 ».
Le cadre en matière d’immigration et de réfugiés du Canada est conforme à la Loi constitutionnelle de 1867 34 et à la Charte canadienne des droits et libertés (la Charte) 35, et ses principaux objectifs et obligations sont énoncés dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés 36 (LIPR). Ce cadre permet au Canada :
Afin d’atteindre ses objectifs en matière d’immigration et relatifs aux réfugiés, ainsi que de voir à la bonne gestion et à la bonne planification du système d’immigration, le gouvernement fédéral établit des politiques et des programmes, notamment dans les domaines suivants :
De concert avec les provinces et les territoires – avec qui il partage la compétence en matière d’immigration – le gouvernement fédéral fixe, dans le Plan pluriannuel des niveaux d’immigration, le nombre d’immigrants qui seront acceptés dans chacune des catégories pour une année donnée 40. Ce plan (anciennement appelé Plan annuel des niveaux d’immigration) « précise la manière dont les ressources d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada […] seront affectées et dévoile la vision qu’a le gouvernement du rôle de l’immigration au sein de la société canadienne 41 ».
Le Canada mise sur l’intégration socioéconomique efficace des nouveaux arrivants afin de faire face aux pénuries de main‑d’œuvre. En partenariat avec les gouvernements fédéral et provinciaux ainsi qu’avec les administrations municipales, plus de 500 organismes d’aide à l’établissement fournissent des services comme la formation linguistique afin d’aider les nouveaux arrivants à s’intégrer à la société canadienne et à entrer sur le marché du travail. Ces services d’établissement sont également adaptés aux besoins de groupes précis de nouveaux arrivants, comme les enfants et les jeunes, ayant accès à l’initiative Travailleurs de l’établissement dans les écoles 42.
Grâce au Programme de parrainage dans la catégorie du regroupement familial et à divers autres programmes, comme la réunification familiale des personnes protégées, la politique du Canada en matière d’immigration cherche à faciliter la réunification des familles. L’immigration au Canada à titre de membre de la catégorie du regroupement familial dépend de la relation qui existe entre le ressortissant étranger – époux, conjoint de fait, enfant, parent – et son répondant, qui doit être citoyen canadien ou résident permanent.
En ce qui touche la protection des réfugiés et les voies complémentaires qui s’offrent à eux, le Canada possède une vaste expertise en matière de parrainage des réfugiés 43, comme il l’a démontré avec les réfugiés syriens en 2015 44 et les survivants de Daech qui sont venus s’installer au Canada en 2017 et en 2018. Depuis 2016, le Canada a travaillé avec plus de 15 pays intéressés à adopter des programmes de parrainage semblables en fonction de leur situation particulière 45. L’Initiative mondiale de parrainage de réfugiés est menée par le gouvernement du Canada, le HCR, la Fondation Giustra, les fondations Open Society et le Carrefour des réfugiés de l’Université d’Ottawa. L’Initiative fournit de la formation et des conseils aux pays qui désirent offrir des services de réinstallation aux réfugiés par le biais de programmes de parrainage communautaire. Elle vise à mobiliser les citoyens et à créer de nouvelles voies vers l’admission de réfugiés 46.
Les lois et politiques canadiennes en matière de multiculturalisme facilitent aussi l’intégration des nouveaux arrivants. La Charte reconnaît l’importance de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens 47. De plus, la Loi sur le multiculturalisme canadien, qui a été adoptée en 1988, cherche à maintenir et à valoriser le patrimoine culturel diversifié du Canada et à en faire une caractéristique fondamentale de la société canadienne, tout en s’employant à réaliser l’égalité de tous les Canadiens dans les secteurs économique, social, culturel et politique de la vie canadienne, et en s’assurant leur pleine participation à la société canadienne 48. L’approche adoptée par le Canada en matière de multiculturalisme favorise l’intégration en permettant aux immigrants de participer pleinement à la société canadienne, tout en préservant leur patrimoine culturel 49.
Les lois, politiques et programmes canadiens sur l’immigration illustrent bien la manière dont les principes des pactes mondiaux peuvent être interprétés et appliqués et reflètent le large éventail d’outils dont disposent les gouvernements pour atteindre les objectifs des pactes mondiaux. De plus, la participation du Canada aux réunions des représentants de haut niveau, au Forum mondial sur les réfugiés et au Forum d’examen des migrations internationales permettra au gouvernement fédéral d’échanger des pratiques exemplaires avec les autres pays et d’en tirer des leçons 50.
† Les études générales de la Bibliothèque du Parlement sont des analyses approfondies de questions stratégiques. Elles présentent notamment le contexte historique, des informations à jour et des références, et abordent souvent les questions avant même qu’elles deviennent actuelles. Les études générales sont préparées par le Service d’information et de recherche parlementaires de la Bibliothèque, qui effectue des recherches et fournit des informations et des analyses aux parlementaires ainsi qu’aux comités du Sénat et de la Chambre des communes et aux associations parlementaires, et ce, de façon objective et impartiale. [ Retour au texte ]
Selon les Termes clés de la migration, « l’OIM considère un migrant comme toute personne qui franchit ou a franchi une frontière internationale ou nationale pour quitter son lieu de résidence habituel, peu importe 1) le statut juridique de la personne; 2) si le déplacement est volontaire ou involontaire; 3) les causes du déplacement; 4) la durée du séjour » [traduction].
Voir OIM, « Migrant », Key Migration Terms [disponible en anglais seulement]. [ Retour au texte ]
En marge de l’Assemblée générale, le 20 septembre 2016, le Président des États‑Unis, M. Barak Obama, organisera le Sommet des dirigeants sur les réfugiés qui exhortera les gouvernements à prendre de nouveaux engagements importants en faveur des réfugiés. Le Canada, l’Éthiopie, l’Allemagne, la Jordanie, le Mexique et la Suède seront présents.
Voir aussi ONU, « Sommet de l’ONU 2016 [sur les réfugiés et les migrants] », Réfugiés et migrants. [ Retour au texte ]
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