L’insécurité alimentaire est généralement définie comme l’absence d’un accès sûr à une quantité suffisante d’aliments salubres et nutritifs. En 2017‑2018, 12,7 % des ménages canadiens se trouvaient dans une situation d’insécurité alimentaire, ce qui représente au moins 4,4 millions de personnes. L’insécurité alimentaire est beaucoup plus marquée dans le Nord que dans le reste du pays : les taux d’insécurité alimentaire des ménages atteignent 16,9 %, 21,6 % et 57 % au Yukon, dans les Territoires du Nord‑Ouest et au Nunavut, respectivement.
Parmi les habitants du Nord, les Autochtones sont particulièrement à risque de vivre dans l’insécurité alimentaire. Les taux élevés d’insécurité alimentaire au sein des populations nordiques et autochtones peuvent être expliqués par une série de facteurs, tels que l’éloignement et l’isolement relatifs de leurs collectivités, les difficultés financières et les inégalités socioéconomiques, les effets persistants des politiques coloniales, les changements climatiques, la dépossession environnementale et la présence de contaminants dans l’environnement. L’insécurité alimentaire a de graves conséquences sur la santé et le bien‑être; on a par exemple dressé des liens entre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, les infections, les maladies chroniques, l’obésité, la détresse, l’exclusion sociale, la dépression et l’idéation suicidaire.
En offrant des contributions aux détaillants éligibles des collectivités isolées et éloignées, Nutrition Nord Canada, un programme fédéral, s’attaque à l’une des causes de l’insécurité alimentaire : le coût élevé des aliments périssables et nutritifs dans le Nord. Depuis sa mise en place en 2011, le programme a été critiqué pour diverses raisons. Le fait est que le coût des aliments périssables et nutritifs demeure trop élevé pour un trop grand nombre de familles dans le Nord. En mars 2019, le coût moyen des denrées alimentaires nécessaires pour nourrir sainement une famille de quatre personnes pendant une semaine dans le Nord s’élevait à 422,07 $.
Plusieurs initiatives locales et régionales ont été mises en œuvre afin de réduire l’insécurité alimentaire dans le Nord. Celles‑ci comprennent un large éventail de mesures, allant de la création de guides alimentaires adaptés sur le plan culturel aux initiatives exhaustives de réduction de la pauvreté. Les collectivités proposent également leurs propres solutions, des banques alimentaires et soupes populaires aux programmes d’aide aux activités de chasse et de récolte.
L’insécurité alimentaire est un grave problème de santé publique qui risque de s’aggraver dans les années à venir. Pour réduire l’insécurité alimentaire dans le Nord, le gouvernement devra s’attaquer à ses racines sociales, économiques et environnementales.
Au Canada, en 2017‑2018, au moins 4,4 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire 1. En raison de divers facteurs, les habitants du Nord, en particulier les femmes, les enfants et les peuples autochtones, sont plus à risque de souffrir d’insécurité alimentaire que les autres Canadiens. Cette situation a des répercussions considérables sur leur santé et leur bien‑être 2. La présente étude offre un aperçu des facteurs qui contribuent à l’insécurité alimentaire dans le Nord canadien 3 et des conséquences de cette situation. On y examine également les initiatives liées directement ou indirectement à cet enjeu.
La sécurité alimentaire est généralement définie comme une « [s]ituation dans laquelle chacun a, à tout moment, un accès matériel, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive de nature à satisfaire ses besoins et préférences alimentaires et peut ainsi mener une vie saine et active 4 ». Inversement, l’insécurité alimentaire est définie comme l’« [a]bsence d’un accès sûr à une quantité suffisante d’aliments salubres et nutritifs propres à une croissance et à un développement normaux ainsi qu’à une vie saine 5 ».
Selon certains chercheurs, ces définitions générales de la sécurité et de l’insécurité alimentaires ne capturent pas pleinement les considérations propres aux peuples autochtones, comme la place accordée aux aliments dans leurs cultures, identités et cérémonies, ainsi que la valeur nutritive et socioculturelle des aliments traditionnels 6. Ils proposent donc plutôt de définir la sécurité alimentaire comme une « situation où tous les membres d’une communauté accèdent à des aliments sains, culturellement acceptables et nutritifs grâce à un système alimentaire durable qui optimise la justice sociale et l’autonomie de la communauté 7 ».
Depuis 2004, le Module d’enquête sur la sécurité alimentaire des ménages utilisé dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes permet de recueillir des données sur la sécurité alimentaire 8. Les plus récentes données recueillies en 2017 et 2018 indiquent un accroissement de l’insécurité alimentaire dans le Nord canadien, les taux d’insécurité alimentaire des ménages atteignant :
À titre de comparaison, en 2017‑2018, les taux d’insécurité alimentaire des ménages dans les provinces variaient entre 11,1 % (Québec) et 15,3 % (Nouvelle‑Écosse) 10, et le taux national était de 12,7 % 11. Les ménages avec des enfants sont généralement plus à risque et, en 2017‑2018, 17,3 % des enfants canadiens âgés de 18 ans et moins vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire. Ces chiffres s’élevaient à 78,7 % au Nunavut, à 30 % dans les Territoires du Nord‑Ouest et à 18,3 % au Yukon 12.
Parmi les habitants du Nord, les peuples autochtones sont particulièrement à risque de souffrir d’insécurité alimentaire. En 2012, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation a indiqué que les Inuits du Nunavut présentaient « le plus haut taux d’insécurité alimentaire attesté pour une population autochtone d’un pays développé 13 ». À l’échelle de l’Inuit Nunangat (la région couvrant les terres, l’eau et la glace du territoire inuit au Canada), le taux d’insécurité alimentaire chez les Inuits âgés de 25 ans et plus était de 52 % cette année‑là 14.
De façon similaire, le taux d’insécurité alimentaire est plus élevé au sein des collectivités des Premières Nations que dans le reste du Canada. Selon l’Étude sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement chez les Premières Nations, qui a recueilli des données de 2008 à 2016 auprès de 92 Premières Nations sélectionnées aléatoirement au sud du 60e parallèle, « la prévalence de l’insécurité alimentaire est très élevée dans les collectivités des Premières Nations (48 %) ». L’Étude note également que les taux d’insécurité alimentaire sont « significativement plus élevés dans les collectivités éloignées qui n’ont pas un accès routier à un centre de services à l’année longue (58 %) 15 ».
Il est plus difficile de parler précisément de la situation des Métis, car les données révisées par les pairs au sujet de l’insécurité alimentaire des Métis qui vivent dans le Nord sont limitées 16.
Plusieurs facteurs interreliés contribuent à l’insécurité alimentaire dans le Nord. L’éloignement et l’isolement relatifs des collectivités du Nord ont une incidence sur le coût élevé de la vie, sans compter les coûts importants d’expédition et de stockage des aliments périssables et nutritifs. Un autre facteur non négligeable qui mène à l’insécurité alimentaire est le statut socio‑économique. Les études démontrent que la pauvreté, les difficultés financières, le chômage ou le sous‑emploi, les faibles revenus et les faibles niveaux d’instruction sont des causes de l’insécurité alimentaire 17. Au Canada, les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis ont de manière générale un statut socio‑économique moins élevé que les non‑Autochtones 18.
Les peuples autochtones sont aussi particulièrement à risque de souffrir d’insécurité alimentaire en raison des effets persistants et permanents des politiques coloniales – y compris les réinstallations forcées et les pensionnats – qui ont perturbé leur relation avec la terre et les systèmes alimentaires traditionnels 19. En outre, ces politiques ont eu une incidence négative sur le transfert intergénérationnel du savoir en ce qui concerne les récoltes, les habiletés de chasse et les habitudes liées à une saine alimentation 20. L’accès aux aliments traditionnels et leur consommation sont également gravement touchés par la dépossession environnementale (c’est‑à‑dire la diminution de l’accès des peuples autochtones aux ressources de leurs milieux traditionnels), les changements climatiques et la présence de contaminants dans l’environnement 21.
L’insécurité alimentaire peut être lourde de conséquences; elle peut avoir des effets négatifs sur la santé physique et mentale des enfants et des adultes. Entre autres, l’insécurité alimentaire est associée à la malnutrition, aux infections, aux maladies chroniques et à l’obésité, de même qu’à la détresse, à l’exclusion sociale, à la dépression, à l’idéation suicidaire et à des tentatives de suicide 22. Certains chercheurs estiment que l’insécurité alimentaire est « l’élément qui contribue le plus à la concentration de détresse psychologique et de comportements suicidaires chez les peuples autochtones à faible revenu du Canada 23 ». Pour ce qui est des enfants, on a observé que la faim causée par l’insécurité alimentaire avait une incidence défavorable sur leurs capacités d’apprentissage, pouvant mener à de piètres résultats scolaires 24.
Les peuples autochtones dans le Nord du Canada ont aussi connu des changements dans leurs habitudes alimentaires 25. On a constaté que la transition nutritionnelle qui résulte du passage d’une alimentation fondée sur des aliments traditionnels et nutritifs à un régime basé sur des aliments transformés achetés en magasin « peut accroître le risque de maladies chroniques liées à la diète et aux carences en micronutriments chez les collectivités autochtones 26 ».
Par ailleurs, l’Inuit Tapiriit Kanatami souligne que l’insécurité alimentaire ne met pas seulement en danger la santé publique, mais aussi « la stabilité sociale et culturelle dans les communautés inuites 27 ».
Aux échelons provincial, territorial, régional et local, des efforts ont été déployés pour éliminer les causes de l’insécurité alimentaire et en atténuer les conséquences. Pour sa part, le gouvernement fédéral joue un rôle par l’intermédiaire du programme Nutrition Nord Canada (NNC) 28, qui offre des contributions à des détaillants afin d’améliorer l’accès à des produits alimentaires périssables, nutritifs et traditionnels dans certaines collectivités. Soulignons toutefois que la réduction de l’insécurité alimentaire ne s’inscrit pas dans le mandat de NNC. Le programme cible plutôt l’une de ses causes : le coût élevé des aliments périssables et nutritifs dans le Nord.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral a récemment lancé la Politique alimentaire pour le Canada (la Politique) dont la vision est la suivante : « [t]outes les personnes vivant au Canada peuvent avoir accès à une quantité suffisante d’aliments salubres, nutritifs et culturellement diversifiés 29 ». La Politique identifie quatre domaines d’investissement à court et moyen termes, dont la nécessité de soutenir la sécurité alimentaire dans les collectivités autochtones et du Nord 30. L’élaboration d’une politique alimentaire nationale a été décrite comme une « occasion cruciale d’aborder l’insécurité alimentaire », notamment en raison de la nécessité d’assurer une coordination entre différents ministères et organismes fédéraux et d’autres ordres de gouvernement 31.
En place depuis 2011, le programme NNC a pour objectif d’améliorer l’accès à des aliments périssables et nutritifs dans les collectivités du Nord qui ne disposent pas d’un accès par voie terrestre ou maritime tout au long de l’année (voir l’annexe A pour une carte des collectivités admissibles) 32. Dans ce contexte, l’expression « denrées périssables » désigne des « [a]liments qui ne se conservent que très peu de temps, surtout s’ils ne sont pas rangés à une température adéquate » et la notion de « nutritif » renvoie aux denrées et aux quantités établies dans le cadre du Panier de provisions nordique révisé 33 (voir l’annexe B). Le programme NNC offre un seul niveau de contribution en matière de coût pour les aliments traditionnels (qui varie selon l’endroit) et trois niveaux de contribution pour les autres types d’aliments provenant du Sud, selon une échelle d’importance :
NNC verse aussi du financement pour soutenir les initiatives d’éducation en matière de nutrition, mais ces activités ne représentent qu’une petite portion du budget annuel du programme. L’objectif principal du programme est de compenser « le désavantage inhérent des collectivités du Nord, à savoir leur isolement. Elles n’ont d’autre choix que de faire venir leurs denrées périssables par avion, ce qui augmente considérablement les coûts 35 ». En offrant une contribution aux détaillants de produits alimentaires admissibles, NNC a remplacé le programme Aliments‑poste (aussi connu sous le nom de Programme du service aérien omnibus du Nord), qui subventionnait le coût de l’expédition d’aliments vers les collectivités nordiques et isolées admissibles depuis les années 1960.
Afin de contrôler les coûts, le budget annuel de NNC avait initialement été établi à 60 millions de dollars en 2011. Cependant, au cours des années subséquentes, le gouvernement fédéral a pris l’engagement d’améliorer le programme et a augmenté son financement. En 2014, un facteur de progression annuel composé de 5% a été ajouté au budget de contribution afin de refléter la croissance de la demande et de la population 36. Ainsi, les dépenses du programme prévues ont augmenté progressivement au fil des années (voir la figure 1). Les dépenses du programme devraient atteindre 109,2 millions de dollars en 2020‑2021 37. En 2019‑2020, d’autres changements ont été apportés au programme, y compris la mise à jour de la liste des aliments admissibles, l’augmentation des taux de contribution et la création d’une nouvelle subvention aux exploitants de ressources alimentaires « afin de contribuer à réduire les coûts liés aux activités traditionnelles de chasse et de récolte 38 ».
La figure illustre les dépenses prévues et réelles du programme Nutrition Nord Canada, de 2012‑2013 à 2018‑2019. Depuis 2014‑2015, les dépenses réelles ont augmenté régulièrement, mais n’ont pas augmenté aussi rapidement que les dépenses prévues dans le cadre du programme.
2012‑2013 – dépenses prévues : 60,3 millions de dollars; dépenses réelles : 68,1 millions de dollars;
2013‑2014 – dépenses prévues : 60,1 millions de dollars; dépenses réelles : 68,9 millions de dollars;
2014‑2015 – dépenses prévues : 71,3 millions de dollars; dépenses réelles : 70,2 millions de dollars;
2015‑2016 – dépenses prévues : 74,6 millions de dollars; dépenses réelles : 73,2 millions de dollars;
2016‑2017 – dépenses prévues : 79,2 millions de dollars; dépenses réelles : 75,3 millions de dollars;
2017‑2018 – dépenses prévues : 93,8 millions de dollars; dépenses réelles : 78,8 millions de dollars;
2018‑2019 – dépenses prévues : 98,7 millions de dollars; dépenses réelles : 86,5 millions de dollars.
Sources: Figure préparée par l’auteur à partir de données tirées de Affaires autochtones et du Nord Canada, Plans ministériels et Rapports ministériels sur les résultats et de Gouvernement du Canada, Plans ministériels pour Relations Couronne‑Autochtones et Affaires du Nord Canada.
Initialement, NNC a dépassé son budget de 12,9 % en 2012‑2013 et de 14,6 % en 2013‑2014. Ces écarts étaient attribués « à une hausse de la demande de produits alimentaires subventionnés » et à des ajustements apportés au taux de contribution au cours de la première année du programme 39. Selon le Bureau du vérificateur général du Canada (BVG), le ministère responsable du programme NNC (alors Affaires autochtones et Développement du Nord Canada [AADNC]) a dû réaffecter des fonds d’autres programmes et activités pour couvrir ces écarts 40. La tendance s’est graduellement inversée, et le programme a dépensé 12,4 % de moins (12,2 millions de dollars) que prévu en 2018‑2019. Relations Couronne‑Autochtones et Affaires du Nord Canada, le ministère ayant pris la relève d’AADNC pour gérer NNC, a attribué cet écart entre les dépenses prévues et réelles en 2018‑2019 « à la mise en œuvre tardive des mises à jour du programme annoncées en décembre 2018 41 ». En dépit de ces écarts, les dépenses réelles du programme ont augmenté de 27 % (18,4 millions de dollars) de 2012‑2013 à 2018‑2019.
En 2014, le BVG a conclu qu’AADNC n’avait « pas géré son programme Nutrition Nord Canada de façon à respecter son objectif de rendre les aliments sains plus accessibles pour les collectivités isolées du Nord » et que le ministère « n’avait pas effectué les travaux nécessaires pour vérifier si les détaillants du Nord transféraient aux consommateurs l’intégralité des contributions versées 42 ». Le Conseil consultatif de NNC, chargé de donner aux résidants du Nord un moyen direct de se faire entendre dans le cadre du programme, a noté des préoccupations similaires 43.
Le programme NNC a aussi été critiqué pour le caractère inadéquat de ses données probantes et de sa structure de reddition des comptes, pour son manque de réceptivité aux préoccupations des membres de la collectivité et des experts, et pour avoir échoué à aborder les disparités relatives à la disponibilité et à l’abordabilité des aliments entre les régions et les collectivités 44. De plus, une évaluation de NNC effectuée en 2019 « suggère que l’insécurité alimentaire s’est aggravée dans les collectivités du Nunavut après la mise en place du programme 45 ». Selon les chercheurs l’ayant réalisée, leur étude « soulève de sérieuses préoccupations quant à la persistance du gouvernement fédéral à employer des subventions alimentaires pour améliorer l’accès aux aliments dans le Nord 46 ».
En 2016, le gouvernement fédéral a recueilli les observations de membres de la collectivité et d’intervenants au sujet du programme. Même si les participants « appréciaient dans une large mesure le programme », on a noté que malgré tout, « de nombreuses familles ne [pouvaient toujours] pas s’acheter des aliments sains » et que « la contribution de NNC n’[avait] pas un effet assez important sur le prix des aliments 47 ». Alors que le programme a réussi à préserver la stabilité des prix, ces derniers n’ont pas diminué de façon importante depuis sa mise en œuvre. De mars 2011 à mars 2019, le coût hebdomadaire moyen du Panier de provisions nordique révisé n’a diminué que de 1,03 %, passant de 426,48 $ à 422,07 $ 48.
Le 17 juin 2019, la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire a fait l’annonce du lancement de la Politique alimentaire pour le Canada. Avec un engagement de plus de 134 millions de dollars du gouvernement fédéral, la Politique a pour but « de bâtir un avenir plus sain et plus prospère pour les familles et les collectivités canadiennes 49 ». La Politique est le fruit de consultations tenues en 2017 où l’on a défini plusieurs priorités, y compris la nécessité :
La politique confirme également l’engagement pris dans le budget de 2019 d’allouer un montant de 15 millions de dollars sur cinq ans pour mettre en place un fonds pour les initiatives des collectivités nordiques isolées, à l’appui des projets de production alimentaire dirigés par la communauté 51. L’Agence canadienne de développement économique du Nord sera responsable de cette initiative.
Dans un rapport de 2014, le Comité d’experts sur l’état des connaissances à propos de la sécurité alimentaire dans le Nord du Canada a noté que « [p]our pouvoir diminuer à long terme l’insécurité alimentaire, il faut mettre à profit les atouts, les talents et les capacités des collectivités nordiques 52 ». Ces collectivités, avec les organisations régionales et les gouvernements provinciaux et territoriaux, travaillent déjà à élaborer et à mettre en œuvre leurs propres stratégies visant à réduire l’insécurité alimentaire dans le Nord canadien 53.
Parmi les initiatives provinciales, territoriales et régionales, notons les stratégies et les plans d’action élaborés par des organisations comme la Coalition sur la sécurité alimentaire du Nunavut 54; les guides alimentaires adaptés sur le plan culturel préparés par la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik et le ministère de la Santé du Nunavut 55; ainsi que des initiatives exhaustives de réduction de la pauvreté comme le Plan Makimaniq 56. Des initiatives communautaires locales offrent également des solutions à court terme (p. ex. banques alimentaires et soupes populaires) et à moyen terme (p. ex. éducation en matière de nutrition, programme d’échange de savoir, programmes d’aide aux activités de chasse et de récolte) 57.
Comme chaque collectivité nordique et autochtone a ses propres besoins et ses propres situations particulières, toute solution durable pour lutter contre l’insécurité alimentaire doit s’appuyer sur le savoir local et les initiatives existantes.
L’insécurité alimentaire demeure un grave problème de santé publique et de droits de la personne dans les collectivités du Nord et chez les peuples autochtones. À ce jour, le gouvernement fédéral n’a toujours pas élaboré ni mis en œuvre de stratégie visant à aborder les déterminants sociaux, environnementaux et économiques de l’insécurité alimentaire des collectivités nordiques de façon globale. Ce phénomène trouve son origine dans des questions complexes comme les écarts socio‑économiques, les changements climatiques et les effets persistants et permanents du colonialisme. Pour tenter de régler le problème de l’insécurité alimentaire dans le Nord canadien, il faudra par conséquent une approche exhaustive, multidimensionnelle et concertée qui prend pleinement en compte ces enjeux.
* La présente étude générale est largement inspirée de Olivier Leblanc‑Laurendeau, L’insécurité alimentaire dans le Nord canadien : aperçu, publication no 2019‑18‑F, Ottawa, Service d’information et de recherche parlementaires, Bibliothèque du Parlement, 5 juillet 2019. [ Retour au texte ]
† Les études générales de la Bibliothèque du Parlement sont des analyses approfondies de questions stratégiques. Elles présentent notamment le contexte historique, des informations à jour et des références, et abordent souvent les questions avant même qu’elles deviennent actuelles. Les études générales sont préparées par le Service d’information et de recherche parlementaires de la Bibliothèque, qui effectue des recherches et fournit des informations et des analyses aux parlementaires ainsi qu’aux comités du Sénat et de la Chambre des communes et aux associations parlementaires, et ce, de façon objective et impartiale. [ Retour au texte ]
Cette carte du Canada montre les 116 collectivités admissibles à la contribution de Nutrition Nord Canada.
En Alberta, la collectivité suivante est admissible au programme : Fort Chipewyan.
En Saskatchewan, les 3 collectivités suivantes sont admissibles au programme : Uranium City, Wollaston Lake, Fond‑du‑Lac.
Au Manitoba, les 16 collectivités suivantes sont admissibles au programme : Tadoule Lake, Brochet, York Landing, Granville Lake, Shamattawa, Lac Brochet, Red Sucker Lake, Gods River, Oxford House, Gods Lake Narrows, Waasagomach, Island Lake (Garden Hill), St. Theresa Point, Negginan (Poplar River), Pauingassi, Little Grand.
En Ontario, les 27 collectivités suivantes sont admissibles au programme : Ogoki, Webequie, Lansdowne House, Eabamet Lake (Fort Hope), Summer Beaver, Wawakapewin, North Spirit Lake, Cat Lake, Poplar Hill, Deer Lake, Favourable Lake (Sandy Lake), Keewaywin, Sachigo Lake, Kasabonika, Angling Lake (Wapekeka First Nation), Wunnummin Lake, Kingfisher Lake, Weagamow Lake, Pikangikum, Kashechewan, Fort Albany, Attawapiskat, Peawanuck, Fort Severn, Bearskin Lake, Muskrat Dam, Big Trout Lake.
Au Québec, les 22 collectivités suivantes sont admissibles au programme : Port Menier, Pakuashipi, La Tabatière, Tête‑à‑la‑Baleine, Mutton Bay, Harrington Harbour, Chevery, La Romaine, Kangiqsualujjuaq, Kuujjuaq, Tasiujaq, Aupaluk, Kangirsuk, Quaqtaq, Kangiqsujuaq, Salluit, Ivujivik, Akulivik, Puvirnituq, Inukjuak, Umiujaq, Kuujjuarapik.
À Terre‑Neuve‑et‑Labrador, les 7 collectivités suivantes sont admissibles au programme : Black Tickle, Rigolet, Makkovik, Postville, Hopedale, Natuashish, Nain.
Au Yukon, la collectivité suivante est admissible au programme : Old Crow.
Dans les Territoires du Nord‑Ouest, les 14 collectivités suivantes sont admissibles au programme : Wekweètì (Snare Lake), Gameti (Rae Lakes), Whatì, Lutsel K’e, Sachs Harbour, Ulukhaktok (Holman), Paulatuk, Aklavik, Fort Good Hope, Norman Wells, Tulita, Colville Lake, Deline, Sambaa K’e.
Au Nunavut, les 25 collectivités suivantes sont admissibles au programme : Qikiqtarjuaq, Pangnirtung, Iqaluit, Kimmirut, Clyde River, Cape Dorset, Pond Inlet, Hall Beach, Grise Fiord, Arctic Bay, Igloolik, Coral Harbour, Naujaat, Resolute, Taloyoak, Kugaaruk, Gjoa Haven, Cambridge Bay, Kugluktuk, Baker Lake, Chesterfield Inlet, Rankin Inlet, Whale Cove, Arviat, Sanikiluaq.
Depuis l’élargissement de Nutrition Nord en 2016, quatre collectivités ont maintenant accès à une route et ne répondent plus aux critères d’isolement du programme, et une collectivité a été relocalisée par la province. Il s’agit de : Tuktoyaktuk (Territoires du Nord‑Ouest), Stony Rapids (Saskatchewan), Black Lake (Saskatchewan), Berens River (Manitoba), Williams Harbour (Terre‑Neuve‑et‑Labrador).
Source : Gouvernement du Canada, « Carte des collectivités admissibles à NNC en vigueur à partir du 1er avril 2019 », Collectivités admissibles.
Le Panier de provisions nordique révisé (PPNR) est un outil conçu par le gouvernement fédéral qui dresse la liste de 67 produits alimentaires, avec les quantités requises pour nourrir sainement une famille de quatre personnes pendant une semaine. Le gouvernement utilise le PPNR pour surveiller les prix de la nourriture dans les collectivités du Nord. Le PPNR a été mis en place en 2007 et remplace le Panier de provisions nordique de 1990.
Les produits du PPNR ne sont pas tous éligibles aux subventions de Nutrition Nord Canada.
Groupe alimentaire | Aliments périssables | Aliments non périssables |
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Lait et substituts (Total : 15,35 l a) |
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Œufs |
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Viande, volaille, poisson (Total : 6,7 kg) |
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Substituts de viande et préparations à base de viande (Total : 1 kg) |
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Produits céréaliers (Total : 5,5 kg) |
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Agrumes et tomates (Total : 4,4 kg) | ||
Autres fruits (Total : 9,95 kg) |
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|
Pommes de terre (Total : 3,7 kg) |
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|
Autres légumes (Total : 8,7 kg e) |
|
|
Huiles et autres matières grasses (Total : 1,05 kg) |
|
|
Sucre (Total : 600 g) |
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