Les poèmes sont présentés en ordre alphabétique.
Trop de moments, de textes, de poètes et de poétesses qui m'avont inspirés, encouragés et qui sont comme moi continuellement en train de travailler et retravailler le texte poétique, leur voix. Ils sont partout au pays mais je privilégie, icitte, les textes de poètes et poétesses qui m'avont touchés et que j'ai entendus en personne grâce aux Éditions Perce-Neige, la Nuit Blanche de la Poésie 2017, le Festival de Poésie de Caraquet et au Festival Acadie Rock au Coude (Moncton), éditions 2018.
Georgette LeBlanc
Huitième poète officielle du Parlement
Poème de Lex Vienneau
								Tiré de Roadkill, (Moncton : Éditions Perce-Neige, 2019), 35
								
								© par Lex Vienneau : Tous droits réservés
Je partirai au Nord
								chasser mon âme au filet.
Poème de Jonathan Roy
								Tiré de Savèches à fragmentation, (Moncton : Éditions Perce-Neige, 2019), 41
								
								© par Jonathan Roy : Tous droits réservés
« les pieds dans le ciment et le scalp à vif tu serais d’après la légende le seul continent encore sec enseveli sous les couches de ta conscience apparemment millénaire qui déborde de segments à boire en shooters et à aimer sans fin le fond du reflet que tu te prépares à garrocher dans le miroir comme une roche dans la face du temps »
Poème de Christian Roy
								Tiré de Jusqu’au bout du souffle, (Moncton : Éditions Perce-Neige, 2018), 34.
								
								© par Christian Roy : Tous droits réservés
tu es aussi blanche que la nuit
										grattée jusqu’à l’os
										lambeaux de chair sous tes ongles
										jointures empourprées
											teintes comme les braises
											dans le four du ferblantier
Poème d'Émilie Turmel
								 
								
								© par Émilie Turmel : Tous droits réservés
Le monde sa collection d’insectes rares
		
								elles épinglent leurs propres ailes
								agencent les tapis les rideaux
								chaque chose à sa place
sur le lit défait spasmes
								et sueur salive et sperme
								leur peau striée n’a plus de contours
								les murs beiges de la chambre
								chantent brament sacrent le printemps
sur la table de chevet
								un horodateur
								comptabilise les bleus
elles ignorent tout de l’envol
une à une elles comptent
								les pétales de ciguë
								tuent les heures dans les minutes
								et les sentiments dans l’œuf.
Émilie Turmel
Née à Montréal en 1988, Émilie Turmel a grandi à Québec. Poète, performeuse et travailleuse culturelle, elle est finaliste au Prix Émile-Nelligan et lauréate du Prix René-Leynaud pour son premier livre, Casse-gueules (Poètes de brousse, 2018). Titulaire d’une maîtrise en littérature française et d’un diplôme de deuxième cycle en création de livres-objets de l’Université Laval, elle a aussi étudié et enseigné la philosophie. Elle habite aujourd'hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick, où elle assure la direction générale du Festival Frye. En parallèle, elle crée des vidéo-poèmes et travaille à l’écriture de son prochain livre.
Poème de Serge Patrice Thibodeau
								Tiré de L’Isle Haute : en marge de Grand-Pré, Montréal, Éditions de l’Écrou, 2017. 
								
								© par Serge Patrice Thibodeau : Tous droits réservés
Histoires de vignes - Une feuille, un crocodile, non, un orignal 
										25. À la poissonnerie, l’envie de s’écrier « ô Nature »
										parmi les accents virils qui écrasent l’ennui pour
										de bon, le sel odorant des pieds à la bouche, des
										bottes jusqu’au nez, les relents insidieux de la mer
										en hiver, avec ce qu’un r cache de terrible dans le
										mot naufrage, tellement ça roule sur la langue, les
										courbes du désir, ça sera 29 $, tes houmards.
										26. L’observation. L’écoute. Le délire. Et la mémoire à
										consigner dès que ça devient possible, entre deux
										avions. La langue à investir, à enrichir, à ne pas
										mal aimer. Il accepte la sagesse quand – enfin ! elle
										ose frapper à sa porte. L’accueil. Il cerne le lieu
										sans goupillon ni bénitier. Il trouve / repère de
										nouvelles constellations, quitte à mentir. Il ne ferait
										que ça dans la vie, sauf que. Le vol, le cambriolage,
										le pillage. Toute une histoire, pour ceux qu’on a
										dérangés, et qui s’en souviennent.
										27. Se taire, certains l’ont fait. Pendant un demi-siècle.
										Ça fait 50 ans. C’est 20 fois plus petit qu’un millénaire,
										ça ne peut pas s’expliquer sur un cadran / une
										horloge à aiguilles, un demi-siècle. En numérique,
										oui. C’est comme, sans piles, une panne de courant
										qui s’étend toute la durée de l’existence d’un
										ancêtre. À un pixel près.
								
Serge Patrice Thibodeau
Serge Patrice Thibodeau est né à Rivière-Verte, au Nouveau-Brunswick, aux frontières du Québec et du Maine. Il a fait de nombreux séjours à l’étranger pendant la vingtaine d’années qu’il a passées à Montréal, où il était très présent sur la scène littéraire québécoise tout en militant activement pour les droits humains. Son œuvre a été récompensée par de nombreux prix et distinctions. Il s’est établi à Moncton en janvier 2005.
Voyageur compulsif, lecteur insatiable, écrivain fasciné par l’histoire et l’archéologie, il écrit de la poésie depuis 40 ans. Auteur d’une vingtaine d'ouvrages et vers et en prose — dont la première traduction intégrale en français du célèbre Journal de John Winslow à Grand-Pré — on dit de lui qu’il est un poète parmi les érudits, et un érudit parmi les poètes. Ce n’est donc pas surprenant que son plus récent recueil de poésie, publié en 2017, porte le titre de L’isle Haute : en marge de Grand-Pré.
Serge Patrice Thibodeau est aussi le directeur général et littéraire des Éditions Perce-Neige, à Moncton.
Poème de Baron Marc-André Lévesque
								Tiré de Toutou Tango, Montréal, Éditions de l’Écrou, 2017. 
								
								© par Baron Marc-André Lévesque : Tous droits réservés
La séance est levée
										au lieu de gruger
										au lieu de courir en roue
										le comité des hamsters dans ma tête délibère
										en plénière depuis 4 ans
										sur un point varia pénible
										parfois l'un deux se tanne se lève
										pour aller rouler
										frivou dans les copeaux
										au moment où les autres
										se taisent et le regardent
										la plénière s'éteint
										comme une lampe de chevet
										
										à ce moment-là
										les camarades hamsters
										un à un se lèvent eux aussi
										insouciants et fascinés
										pour s'entourlouper de brindilles
										ça devient éventuellement
										une chorégraphie esquissée excitée
										de quarante-deux hamsters
										à quarante-deux rythmes distincts
										brouillon d'un rave relax
										mélangé avec une bataille de coussins joufflus
										mes paupières et moi cognons des clous
										et mes conseillers se transforment en toutous
										de parc d'attractions
										
										encouvartés de brume1
										mes hamsters se gonflent au jour
										et s'éparpillent en vieux pissenlits exaltés
										deviennent cavalcade de montgolfières
										flasques en peluche douce et parade
										marching band de fluff immense
										dans un film de Zemeckis
										mes hamsters font des jazz hands
										et dansent flous en flattant
										les montagnes la flore et la faune joyeuses
										de mon être-dans-la-lune
										mes hamsters dansent en équipe
										mais dansent aussi désassemblés
										ça prend les deux
										it takes forty two to tango
										d'habitude
										après des millénaires d'essoufflement
										le comité des hamsters
										dans ma tête s'épuise et se dépose
										comme un diadème en neige fofolle
										sur un village endormi
										    Ça finit de même.
								
1 engourdie le genre de brume miello-matineuse
											  qui n'apparaît qu'à la première envolée
											  d'une meute de zeppelins
											
Baron Marc-André Lévesque
Baron Marc-André Lévesque est né à Ottawa en 1990 et écrit à Montréal depuis 2011. Il a publié Chasse aux Licornes (2015) et Toutou Tango (2017) aux Éditions de l'Écrou en plus de participer à des lectures publiques un peu partout. Il prépare actuellement deux recueils de poésie un peu plus tranquilles.
Poème de Jonathan Lamy
								Tiré de Je t’en prie, Montréal, Éditions du Noroît, 2011, p. 58.
								
								© par Jonathan Lamy : Tous droits réservés
[sans titre]
                                trop peu
								ta présence
								je veux encore
								ce qui déborde
								partout
								bientôt
								tu repasseras
								par les trous
								que tu as
								faits en moi
								
Jonathan Lamy
Poète à tout faire, Jonathan Lamy a publié quatre recueils aux Éditions du Noroît, dont La vie sauve (prix Émile-Nelligan 2016) et Nous faisons l’amour (2019). Chez Bouc Productions, il a fait paraître Tendresse tactique (2019). Chez Mémoire d’encrier, il a codirigé Nous sommes des histoires : Réflexions sur la littérature autochtone (2018) et traduit l’essai de Tomson Highway Pour l’amour du multilinguisme : Une histoire d’une monstrueuse extravagance (2019). Critique de poésie, d’essai et d’art, animateur, performeur, conseiller littéraire et plus encore, il a mis sur pied La poésie partout, un organisme de diffusion et de dissémination de la poésie.
Poème d’Annie Lafleur
								Tiré de Bec-de-lièvre, Montréal, Le Quartanier Éditeur, coll. « Série QR », 2016, p. 13.
								
								© par Annie Lafleur : Tous droits réservés
Ton nom dépasse d’une lèvre
                                Ton nom dépasse d’une lèvre 
								fillette tu te souviens
								d’une flèche à la tête
								par la fente des cheveux
								se mouvoir dans pareil noir 
								les très grandes heures
								du corps et du cœur 
								enterré allumé
								
Annie Lafleur
Annie Lafleur est née à Montréal, où elle vit et travaille. Elle a publié Prolégomènes à mon géant (2007) et Handkerchief (2009) au Lézard amoureux ; Rosebud (2013) et Bec-de-lièvre (2016) au Quartanier. En 2017, Bec-de-lièvre est finaliste au Prix du Gouverneur général (poésie) et finaliste au Prix des libraires du Québec (poésie). Elle a été membre du comité de rédaction de la revue Estuaire de 2014 à 2018. Elle collabore actuellement comme critique d’art au magazine Spirale. En 2018 paraît la réédition de Rosebud suivi de Bec-de-lièvre dans la collection « Écho Poésie » du Quartanier.
Poème de Marie-Andrée Gill
Comment avaler la beauté du lac…
Comment avaler la beauté du lac avec tous ces fantômes à mâcher dans le poumon de plastique. Je suis dans le niveau sous l'eau d'un jeu vidéo au moment où la petite musique de quand t'as pu d'air commence.
Marie-Andrée Gill
Originaire de Mashteuiatsh, Marie-Andrée Gill gosse paisiblement des poèmes dans le Bas-Saguenay. Icône de la poésie autochtone québécoise contemporaine, elle partage une vision décomplexée de la réalité. Chauffer le dehors, son troisième livre, vient d'être publié aux Éditions La Peuplade.
Poème de David Cheramie
Liberté
Genre tu es une femme qui se passe dans la rue dans le monde la fourniture et le plus beau jour où t'y es pas mal mais il a été la première fois que tu es une femme qui se passe dans la rue dans la tête du championnat du tout à l'heure actuelle je ne suis plus en ce qui se sont pas les mêmes choses à dire sur la photo du monde la même source de sécurité et de son père qui a été la première fois que tu es un homme de ma classe le dossier du tout à l'heure actuelle je ne suis plus en ce qui se sont pas les mêmes choses à dire sur la photo du monde la première fois que tu as un problème avec le président
David Cheramie
David Cheramie a grandi dans le village cadien de Canal Yankee, Golden Meadow en anglais, sur le Bayou Lafourche. Il a publié trois recueils de poésie, Lait à mère aux Éditions d’Acadie et Prise de Parole, Julie Choufleur aux Éditions Tintamarre et L’Allée du souvenir aux Éditions Perce-Neige. Il a été Directeur exécutif du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL) de 1998 à 2011. Il est Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres français et membre de l'Ordre des francophones d'Amérique québécois. Il a un doctorat en études francophones de l’Université de Louisiane à Lafayette. Il tient la chronique « En français, s’il vous plaît » dans le magazine Acadiana Profile. On peut trouver ces écrits sur son blogue, Un bougre du bayou, à davidcheramie.blogspot.com. Il est présentement directeur du District Bayou Vermilion qui, entre autres, gère le musée Vermilionville à Lafayette en Louisiane.
Poème de David Cheramie
Aspirine
Je vais me préparer et la météo du grand prix de la musique de faire des photos avec des potes qui ont été tués le monde à un moment où tu vas voir ce film est déjà dans votre vie privée pas pour autant que moi aussi j'ai envie que ça fasse du bien de temps en temps réel sur la route de ma part de demain matin pour aller chercher mon chargeur frérot qui est en train de se rendre à l'évidence
David Cheramie
David Cheramie a grandi dans le village cadien de Canal Yankee, Golden Meadow en anglais, sur le Bayou Lafourche. Il a publié trois recueils de poésie, Lait à mère aux Éditions d’Acadie et Prise de Parole, Julie Choufleur aux Éditions Tintamarre et L’Allée du souvenir aux Éditions Perce-Neige. Il a été Directeur exécutif du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL) de 1998 à 2011. Il est Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres français et membre de l'Ordre des francophones d'Amérique québécois. Il a un doctorat en études francophones de l’Université de Louisiane à Lafayette. Il tient la chronique « En français, s’il vous plaît » dans le magazine Acadiana Profile. On peut trouver ces écrits sur son blogue, Un bougre du bayou, à davidcheramie.blogspot.com. Il est présentement directeur du District Bayou Vermilion qui, entre autres, gère le musée Vermilionville à Lafayette en Louisiane.
Poème de Marc Arseneau
Synectique
                                le goût du café doux respire
								la contemplation du vide
								la longueur des ondes
								raisonne avec le manque
								et dévisage le regard
								d’un poème à l’intérieur
								d’une musique qui augmente
								et la circulation pullule
								madame peinée prend sa pilule
								monsieur inassouvi lui tend son pull
								aux illusions qui se perpétuent 
								en besoin d’une fixe de vérité
								entre le vêlage et l’affranchissement
								No cars go where we know
								The Arcade Fire nous informe
								Between the click of the light
								and the start of a dream
								à la limite d’une ville de mots
								le faubourg des calembours
								flambe aux raisons 
								que la raison ne connaît point
								les sens brûlés
								comme de la peinture
								sous la torche allumée
								sous les yeux de personne
								les murs de la bibliothèque saignent
								le goût du café encore aux lèvres 
								qui cherchent à rejoindre les tiennes
								tu es à côté de moi comme ces murs
								à raconter les origines d’une blessure
								et il n’y a pas un mot pour la décrire
								le temps cicatrise libérée dans la brise
								
Marc Arseneau
Originaire de Moncton au Nouveau-Brunswick, Marc Arseneau est né le 6 avril 1971. De 1991 à 2002, il fut, notamment, directeur de la revue acadienne de création Éloizes et instigateur de plusieurs soirées de poésie, dont : Nuit des Seth en 1991, Tableaux de backyard en 1993 et Fièvre de nos mains en 1998, etc. En poésie, il est l’auteur de : À l’antenne des oracles (1992), L’Éveil de Lodela (1998), Avec l’idée de l’écho (2002) et Turbo goéland (2018), tous publiés chez Perce-Neige. Quant aux revues littéraires, Marc Arseneau a publié des textes dans Callicriture, Éloizes, Marache, Feux-châlins, Vallium, Satellite, Ancrages, Gaz Moutarde, Le Sabord, Estuaire et Rivière. Sous son avatar, Turbo goéland, il publia beaucoup dans AcadieUrbaine.net. En musique, il a collaboré avec Les Oranges bleues et Les Païens. Il a livré des lectures en performance au Canada, en France et aux États-Unis. Enseignant, il vit à Louisbourg sur l’Île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse.
Poème de Marjolaine Beauchamp
Émilie
                                Chez Karina’s à Casselman
								Les yeux à fleur de peau
								Je cherchais un spot
								A tchèkait mes bottes
								En cuir de vache ou de racoon indonésien que la fille du Transit énervée par ma gueule de
								blaireau crasse voulais vraiment me vendre avec le coating
								J’ai dit : « Ma belle, j’sors juste pas quand y pleut ou qu’y fait frette »
								Trop peur que mon cœur pète
								J’sors pas
								À part peut-être au Karina’s
								Parce que mes sœurs dansent là-bas
								Habillées en Ardène
								Bougraisses de simili-poulet
								Sont belles en sacrament
								Parce qu’elles sont pas désemparées
								Immunisées contre Satan
								Pis les noms comme Serge ou Gaétan
								Les mains crasses, les mains chacals
								Les mains chips de métal coupant
								Les ongles noirs
								La boucane
								Chez Karina’s à Casselman
								Tequila rose dans frying pan
								Y font pus d’stage ça fait longtemps, à part les groupes vu qu’c’est payant
								Les filles sont là comme des Romaines
								Y’essayent même pas de s’faire une cenne
								Y s’baignent à poil dedans ton drink
								Maybe to get another sip
								
								Comme Émilie, ma belle chubby
								Avec tes jambières comme une fairy
								Un fary tale de frères Grimm
								Juste te regarder feels like a sin
								T’avais la craque de pool
								J’avais les yeux fish eye
								T’étais partout en surround dans ma face
								Pis moi one shot j’aimais les filles
								Un peu akward d’avoir un kick
								Émilie please just flick my bic
								Chu sûre qu’les filles c’est ben moins freak
								
								Ça m’prendrais juste du guts
								J’m’assirais avec toi
								Tu m’parlerais du chauffage dans cave de ta mère
								Pis d’comment t’a laissé ta chambre toute à l’envers
								Pour qu’le monde se rappelle qu’t’a déjà été p’tite
								Tu m’parlerais pas français
								Tu t’en rappelles même pus
								T’essaierais de me convaincre que t’en as déjà su 
								Pis Diane au cheveux jaunes nous servirait un sling
								Life would be so easy Emilie don’t you think
								
								Si j’t’ais pas comme je suis
								Moi aussi j’danserais là
								Chu bonne en amour fake
								J’ai du beat
								J’apprends vite
								Pis même si je l’veux pas, j’ai un genre d’aura cheap
								Cheap comme quand je l’ai trouvé touchant ton négligé lilas
								Y’avait de quoi de poétique dans ton nip dépassant qui avait l’air de dire « Moi tou j’veux d’la
place dans ton bonheur de cloune, dans ton regard de gouine du Club Med »
								Le reste du temps moi Émilie, j’fais des enfants et puis des pères
								Je lay off les pères, je garde les enfants
								Et puis je deviens moche
 
								À rêver d’être lesbienne à Casselman dans ma trentaine
								
								Les Cesars sont bruns
								Worcestershire full blast
								Ça c’t’ait l’truc du boss
								Décédé y’a deux ans
								ACV dans les bécosses
								Y s’tenait sur le bord
								Comme j’me tiendrais sur toi Émilie
								Ça te ferais du bien de sauver quelqu’un
								Une p’tite mère, une wannabe poète
								Le genre de fille qui sait pas où se mettre dedans le portrait de groupe
								Mais qui voudrait smasher la conne
								Couchée à terre les jambes en ciseaux
								À s’penser ben bonne en concept de photo
								Èk ses dents trois tons moins jaunes que les miennes
								Je fume Émilie
								J’fumais même en balloune
								Estie d’mère baloney
								J’fumais pour pas crever de peine et d’ennui d’voir ma face blackeyed dans l’miroir d’la toilette
								de ma campagne cheap de wannabe hippies qui s’mettent du fromage de chèvre dans les grilled
								cheese au pickle
								Moi Émilie j’mets des saucisses dans mon Kraft
								Pis du ketchup aussi
								PIs j’te metterais une bavette
								Pour qu’tu gardes tes seins propres
								Pour aller travailler au Karina’s de Cassselman
								
								Là ou t’es déjà perdu
 
								Avant même la sortie d’autoroute
								
Marjolaine Beauchamp
Marjolaine remporte en 2010 l’argent à la coupe du monde de slam en France. Elle publie aux éditions de l’Écrou, Aux Plexus et Fourrer le feu. Les pièces Taram et M.I.L.F, pour lesquelles elle écrit et joue, sont produites par le théâtre du Trillium pour lequel elle est auteure associée. Marjolaine assure la première partie de Richard Desjardins lors de la tournée l’Existoire. En 2018 elle publie sa pièce MILF aux éditions Somme Toute et assure la fonction d’invitée d’honneur pour l’Outaouais au SLO. Les rapports de genre, les procédés impliquant les altérations et les modifications d’œuvres littéraires ou visuelles, les nouvelles écritures ainsi que la médiation culturelle sont au centre de ses intérêts. Elle a reçu le Prix du CALQ - Œuvre de l’année et également le Prix du CALQ - Créateur de l’année en décembre 2018 pour la pièce MILF.
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